Le discours du vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères Dačić lors de la réception à l'occasion de la Journée de la diplomatie serbe

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Je vous souhaite la bienvenue à cette nouvelle célébration de la Journée de la diplomatie serbe, que nous fêtons avec fierté comme la journée dédiée à tous ceux qui, par leur travail et leur prestige, ont promu le respect pour leur pays dans le monde.

Ce sont avant tout nos diplomates et tous nos fonctionnaires, qui sont aujourd’hui les professionnels de ce domaine aujourd'hui, ainsi que tous ceux des siècles passés qui ont su promouvoir la Serbie sous son meilleur jour et contribuer à la réalisation de ses intérêts, même dans les moments les plus difficiles.

 Cette journée leur est dédiée à tous, et nous la célébrons en souvenir de l'année 1839, lorsque le jeune État serbe a créé le Cabinet princier des Affaires internationales - le précurseur de l'actuel ministère des Affaires étrangères.

Il y a 184 ans, dans ce bureau ne comprenait que 13 fonctionnaires, et leur chef était le célèbre Avram Petronijević, homme d'État et futur Premier ministre. D’une connaissance approfondie du monde de l'époque, il possédait un sens aigu de la diplomatie et des négociations et parlait allemand, grec, roumain, italien, turc et français.

C'est aussi un jour où nous évoquons avec fierté la première mission diplomatique de l'État serbe, exactement 835 ans auparavant. En l'an 1188, le grand joupan Stefan Nemanja a envoyé un émissaire à Nuremberg, la capitale du Saint-Empire romain germanique, auprès de l'empereur Frédéric I^er Barberousse, et seulement un an plus tard, les deux souverains médiévaux se sont rencontrés à Niš.

La ville de Niš s’en souvient toujours, et les habitants de Niš en sont fiers et mettent en avant le fait d'avoir été les hôtes de cette première rencontre diplomatique sur notre sol.

Ce bref voyage historique avait pour but tout simplement de vous rappeler à tous la profondeur des racines de la diplomatie en tant qu'élément indissociable de chaque époque historique, et surtout à quel point son rôle est irremplaçable – que ce soit en 835 ans, en 184 ans, et particulièrement aujourd'hui.

Le monde d'aujourd'hui est plus connecté que jamais dans l'histoire. La technologie a fait réduire le temps et l’espace, de sorte qu'aucun coin de la planète n'est plus lointain, et vous pouvez vous réunir avec quelconque collègue du monde entier - face à face, à tout moment.

Nous avons tous appris quelque chose de nouveau pendant la pandémie, à savoir que nous pouvons compter sur la technologie moderne et ne pas perdre le contact les uns avec les autres, même lorsque les déplacements physiques sont impossibles. Cependant, cela ne signifie pas que le travail des diplomates sera du passé et remplacé par des plateformes numériques, les médias sociaux et les conférences Zoom. Au contraire.

La solution aux temps difficiles se trouve toujours grâce à la diplomatie, comme cela s'est avéré pendant la pandémie et dans de nombreuses situations de crise similaires de notre époque. La diplomatie est constituée de personnes de connaissance, motivées, dotées d'une grande patience et surtout de personnes ouvertes d'esprit qui sauront toujours défendre les intérêts et la politique de leur pays de manière responsable, digne, tout en étant conscientes que les autres ont également leurs intérêts et leur politique et avec qui ils doivent trouver un langage commun. De tels individus, dévoués à leur noble profession, ne sauront être remplacés par rien d'autre.

Un proverbe juif dit: "Quand on dit qu'il n'y a qu'une solution, il en existe au moins deux autres." C'est là une excellente description de la profession diplomatique. Notre tâche est de trouver des solutions dans des situations en apparence sans issue, en gardant toujours à l'esprit l'intérêt de l'État que nous représentons. C'est un métier difficile et exigeant, impensable sans un énorme sens des responsabilités et patriotisme.

La République de Serbie est un pays ouvert et amical envers tous ceux qui, avec nous, favorisent la paix, la coopération et le respect mutuel. Nous faisons partie d'un vaste monde et nous savons bien que nous ne pouvons réaliser tous nos intérêts que si nous collaborons avec ce monde, plutôt que de l'ignorer.

La Serbie est un membre très actif de toutes les organisations mondiales importantes et s'efforce de renforcer son rôle dans le monde d'aujourd'hui. La Serbie fait partie de tous les forums européens les plus importants et, en tant que leur membre indissociable, elle a un rôle actif dans la création de politiques et de solutions pour les questions les plus importantes pour notre continent commun.

La Serbie est particulièrement active dans les organisations et initiatives régionales, ce que nous considérons comme l'une des priorités les plus importantes de notre politique étrangère. En effet, nous considérons nos voisins immédiats de notre environnement régional comme nos partenaires naturels les plus proches et les plus importants, avec lesquels nous devons collaborer étroitement.

Notre politique étrangère est intégrative, nous sommes fermement attachés aux principes d'égalité dans les relations internationales, de respect mutuel et de dialogue comme seul moyen de résoudre les conflits. Nous savons très bien que la paix dans le monde repose uniquement sur ces principes, et non seulement la paix, mais aussi qu’une réponse efficace à tout défi d'envergure ne peut être trouvée que dans la coopération, la communication constante et, je le répète, le respect mutuel.

Il n'est pas nécessaire d'aller loin dans l'histoire, il suffit de se rappeler les quelques dernières années et comment nous avons fait face ensemble aux crises et aux défis qui nous ont affectés, indépendamment de notre taille, de notre richesse ou de notre niveau de développement, quels que soient nos moyens militaires.

Rappelons simplement la crise migratoire qui a secoué l'Europe, ainsi que d'autres parties du monde, ou encore la pandémie qui n'a épargné aucun coin de la planète. Dans les deux cas, le début a été difficile, car chacun cherchait à trouver sa propre solution pour protéger sa communauté. Il n'y avait pas de bonne coopération, pas d'échange d'informations, pas d’entraide mutuelle et de soutien. Ces crises n'ont été surmontées que lorsque nous avons uni nos efforts et compris que sans une collaboration étroite, nous ne pourrions pas triompher.

Ces expériences récentes doivent être appliquées à toute situation similaire à venir, non pas parce qu'il s'agit d'une grande découverte, mais parce qu'il s'agit du respect des principes dans les relations internationales, énoncés dans les documents fondamentaux des organisations dont nous sommes membres, à commencer par l’Organisation des Nations unies et sa Charte.

La Serbie soutient fermement ces principes et les promeut de manière cohérente dans sa politique étrangère, car elle-même a été récemment victime de leur violation flagrante. Nous nous souvenons bien de cette expérience et ne voulons pas qu'elle arrive à quiconque. C'est pourquoi nous rappelons constamment et avec persévérance ces principes, car nous sommes profondément convaincus que ceux-ci, ainsi que le droit international, constituent le cadre dans lequel nous devons régir nos relations interétatiques. Sinon, nous serons confrontés à des crises constantes, à un réexamen permanent des principes fondamentaux que nous avons tous adoptés depuis longtemps, et nous serons conduits à l'instabilité et à l'insécurité.

Notre insistance sur le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de chaque membre de la communauté internationale est sincère et fondée sur des principes. La Serbie demande le respect de ce principe pour elle-même, mais aussi en raison de sa violation flagrante en ce qui concerne le Kosovo et la Métochie.

En même temps, nous sommes profondément convaincus que la violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Serbie ne doit se reproduire nulle part dans le monde, car cela est inacceptable.

Il est impossible d’accepter la sécession d'une partie d'un État sans son consentement et, à la fois, de s’opposer à la sécession d’une partie d’un autre État. Cela ouvre la voie à l’anarchie et nous ramène à une époque révolue où la force prévalait sur la diplomatie, ce que personne ne souhaite aujourd'hui, je l'espère.

Permettez-moi, en présence de notre corps diplomatique, de faire l’appel une fois de plus aux représentants de la communauté internationale à prendre très au sérieux les actes unilatéraux et les provocations qui se produisent presque quotidiennement au Kosovo et en Métochie au cours des dernières années. Si l’on n’arrête pas de telles pratiques et de tels gestes unilatéraux, la situation risque bien de déstabiliser la région. C’est pourquoi l'administration de Pristina constitue actuellement la plus grande menace pour la paix et la stabilité régionales. Nous exhortons la communauté internationale à garantir le respect de tous les accords que nous avons conclus jusqu'à présent, au lieu de nous contenter de condamner verbalement les actions de Pristina, laissant ainsi subsister une telle situation et exposant le peuple serbe à de nouvelles difficultés. Protégez le peuple serbe au Kosovo et en Métochie, selon toutes les résolutions et déclarations des organisations internationales- c’est votre obligation. Ne mettez pas la Serbie dans une situation délicate. Faites ce qui vous incombe, afin que personne ne puisse influencer M. Kurti, je ne crois pas qu’il y ait de plus simple. C'est pourquoi je vous appelle une fois de plus : la Serbie est constructive, mais cela n'est pas notre faiblesse, c'est notre force. Nous vous demandons de respecter tous les accords et tout le travail que nous avons accompli ces derniers mois.

Chers collègues,

En plus de ressentir une immense responsabilité en tant que ministre des Affaires étrangères, j'ai également un grand plaisir de collaborer quotidiennement avec vous, qui représentez vos pays en Serbie, et de travailler ensemble avec vous dans l'intérêt de nos peuples respectifs, et tout ceci dans un esprit de bonne volonté et de coopération ouverte

Je tiens également à exprimer ma satisfaction que le ministère des Affaires étrangères consiste en une équipe compétente et dévouée, qui joue un rôle essentiel au sein de notre système institutionnel. Notre service diplomatique est dynamique et capable de relever tous les défis qui lui sont posés. Et ces défis ne sont pas minimes, ils sont souvent très exigeants.

Grâce à cela, le ministère des Affaires étrangères est un outil efficace pour mettre en œuvre notre politique étrangère à tous les niveaux. Nos priorités en matière de politique étrangère exigent une activité diplomatique constante et systématique.

Comme vous le savez, l'une de nos priorités est l'adhésion à l'Union européenne, et cette tâche complexe ne saura s’accomplir que dans une coordination étroite avec les autres organes et institutions de l'État, où notre ministère joue l'un des rôles principaux.

En outre, la diplomatie serbe déploie de grands efforts dans nos relations avec les pays les plus influents, tels que les États-Unis, la Chine et la Russie,  car ils sont des partenaires sans lesquels la réalisation de nos intérêts les plus importants serait impensable.

Nous accordons une grande attention aux relations avec nos amis et partenaires à travers le monde, avec lesquels nous avions autrefois des relations très étroites grâce au Mouvement des pays non alignés, mais que nous avons malheureusement négligés au fil du temps. La Serbie élève depuis un certain temps le niveau de ses relations avec les pays amis en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, car nous souhaitons que l'ancienne proximité et le respect mutuel servent de bon fondement à notre coopération future. Cette coopération ouvre d'énormes perspectives.

Une attention particulière, comme je l'ai déjà mentionné, est accordée au développement des relations avec nos amis dans la région des Balkans et en Europe du Sud-Est, car sans des liens bien développés et de qualité avec les nations géographiquement, économiquement et culturellement les plus proches, nous ne pouvons pas espérer que la Serbie progressera comme nous le souhaitons.

Ce ministère accorde une attention particulière à l'amélioration continue de notre service consulaire, car prendre soin de nos citoyens et compatriotes à l'étranger est non seulement notre obligation, mais aussi il est notre souhait qu’ils ressentent tous la sollicitude de l'État pour leurs droits et, si nécessaire, et de leur apporter l’aide et le soutien lorsque cela est nécessaire.

Tous ces engagements, et de nombreux d’autres, ne pourraient être correctement effectués sans un service diplomatique moderne, bien formé, compétent et motivé, auquel nous dédions cette journée, et que je félicite de tout mon cœur.

Je tiens également à ajouter une fois de plus que la politique étrangère de la Serbie est cohérente et fait partie d'une politique étrangère unique qui est dirigée par le président de la République de Serbie, Aleksandar Vučić, le gouvernement de la République de Serbie, et le ministère des Affaires étrangères est le symbole de l'exécution et de la mise en œuvre d'une telle politique.

Il est évident que l’on ne doit pas féliciter la Journée de la diplomatie uniquement aux diplomates. La Journée de la diplomatie serbe est également la journée de tous nos compatriotes qui, par leur succès professionnel, leur engagement public ou simplement par un acte ou une bonne action, ont contribué à améliorer l'image de la Serbie dans le monde et à faire en sorte que notre pays et notre peuple soient reconnus sous un jour favorable.

Je ne vais pas en parler maintenant, car vous connaissez tous Nikola Tesla, Milutin Milanković et tous ceux dont nous avons tant parlé au cours des années et des décennies passées. Il y a trois ans, en ce même jour, nous avons décerné une distinction à notre illustre joueur de tennis Novak Đoković pour son engagement personnel exceptionnel et sa contribution à la promotion de la Serbie et de son peuple dans le monde. Nous avons également décerné la même distinction à Miloš Biković pour sa contribution dans le domaine de l'art et de la culture. Aujourd'hui, cette distinction est remise à Nikola Jokić, le meilleur joueur de basketball au monde et, je l'espère, le champion de la NBA cette année. Il recevra bien sûr cette reconnaissance lorsqu'il sera ici dans notre pays, je le remercie d'avoir adressé un message vidéo à nous tous et à tous dans notre pays.

Je suis sûr que vous nous enviez maintenant d'avoir de tels ambassadeurs et d'avoir l'occasion de les remercier de cette manière, et qu'ils consacrent une partie de leurs succès à leur pays.

Nous saurons apporter une grande attention et gratitude les efforts et les réussites de nos compatriotes sur la scène mondiale, qu'ils soient sportifs, artistes, scientifiques ou tout autre expert qui dépassent nos frontières nationales et font rayonner la Serbie à travers le monde. C'est notre devoir et notre obligation envers les personnes qui contribuent énormément à la diplomatie et à la réputation de notre pays.

Je tiens une fois de plus à remercier chacun d'entre vous d'avoir participé à cette cérémonie aujourd'hui, et je suis convaincu que nous continuerons à maintenir une bonne collaboration fondée sur l'amitié et le respect mutuel, conformément aux normes qui devraient régir le monde de la diplomatie.

Vive la Serbie !

Merci beaucoup !

Photo : Tanjug et MSP