Interview du ministre Dačić pour Kurir TV

25. nov 2022.
A quel point sont irréalistes les souhaits de Kurti d'infliger des amendes aux Serbes du nord du Kosovo-Metohija qui ne réimmatriculent pas leurs véhicules? Comment parvenir à la meilleure position internationale possible de la Serbie dans la période à venir et que se passerait-il si nous imposions des sanctions à la Russie?

Ivica Dačić, Premier Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, répond à ces questions dans l'émission matinale de la chaîne Kuirir.

- Définir la politique de Kurti en ce moment est un gros casse-tête pour tout le monde dans la communauté internationale. Il suit tout ce que nous déclarons. J'ai dit un jour que tout le monde dans la communauté internationale se plaignait de lui, puis il s'est plaint auprès d'eux que tout le monde bavardait à son sujet et qu'ils étaient de notre côté. Il ne comprend pas du tout la situation. Quand tout le monde lui a sauté dessus pour lui tordre les mains et lui tirer les oreilles, il s'est tout de même rendu compte qu'il existe des mécanismes pour exercer une certaine pression sur le soi-disant Kosovo.

Dačić a souligné que la détermination du peuple serbe, qui s'est manifestée dans l'abandon des institutions du Kosovo par les Serbes du Kosovo-Metohija, a contribué de manière significative à exercer une pression internationale sur Kurti.

- Maintenant, le peuple serbe a fait preuve de détermination et le fait que les Serbes aient quitté les institutions du Kosovo a été un coup beaucoup plus dur que d’aucuns le pensent. Certains soi-disant Serbes de Thaçi ont surtout participé aux institutions, et ces Serbes sont en réalité les représentants du peuple serbe du Kosovo-Metohija.

Les Serbes ont résisté après toute une série de ces actions unilatérales, telles que l'introduction de l'armée kosovare et la tentative d'incursion des forces de sécurité du Kosovo dans le nord du Kosovo. En fin de compte, il s'est avéré que les Serbes, c'est-à-dire les policiers serbes au Kosovo-Metohija devraient infliger des amendes aux Serbes qui ne réenregistrent pas leurs plaques d'immatriculation - a déclaré Dačić et a ajouté qu'il considérait irréaliste la demande de Priština que les plaques d'immatriculation soient étiquetées «République du Kosovo».

- C'est là que nous arrivons à une situation intéressante. Pourquoi quelqu'un insiste-t-il tant pour écrire «République du Kosovo» partout. Quand nous avons joué au football hier, était-ce écrit République de Serbie ou République du Brésil? Savez-vous pourquoi on insiste là-dessus? Parce que quelqu'un insiste le plus sur quelque chose qui lui fait défaut! Ils veulent que chacun de leurs gestes soit la promotion du statut d'Etat du Kosovo - a estimé Dačić.

Le ministre a qualifié la politique étrangère de l'Union européenne d'inefficace.

- L'UE souffre depuis des années d'une politique étrangère inefficace. Cet accord de Bruxelles a été l'un des rares succès de la politique étrangère. Immédiatement après sa signature, fin 2013, il y a eu un changement au sein de la Commission européenne et Catherine Ashton a été remplacée par Federica Mogherini. Au fur et à mesure, cette institution perdait sa force.

Le problème n'est pas Josep Borrell ou Lajčák, mais l'UE dans son ensemble car ils n'ont pas de politique unifiée dans de nombreux volets. Ils n’en ont pas concernant la migration ou des demandeurs d'asile, et puis quelqu'un estime ne pas avoir d’obligation de respecter les accords dans lesquels l'UE sert de médiateur - affirme Dačić et ajoute que pendant des années la Serbie a rempli toutes les obligations prévues dans l'accord de Bruxelles, tandis que Priština n'en a rempli aucune, dont la plus importante est la Communauté des municipalités serbes.

Le ministre a souligné que le rôle des États-Unis dans les négociations est crucial.

- Aucun conflit n'a jamais été résolu exclusivement entre les deux forces qui y participent. Par exemple, l'accord de Dayton a été conclu avec l'intervention des États-Unis. On sait où les décisions clés sont prises et c'est pourquoi nous devons établir des relations correctes - estime Dačić.

L'introduction de sanctions contre la Russie

Dačić a estimé que l'introduction de sanctions contre la Russie ne peut pas être la politique de la Serbie si elle veut défendre le Kosovo-Metohija.

- Quand on parle de la Russie, laissez de côté vos émotions. Moi en premier je n’ai pas de sentiments particuliers envers la Russie. Je les garde pour la Serbie. Mais si nous voulons discuter du Kosovo à l'ONU, qui votera pour nous? Sera-ce l'Allemagne et les États-Unis ou la Russie et la Chine? Nous devons nous en occuper. J'étais au Qatar hier, pensez-vous que le Qatar a imposé des sanctions à la Russie? - dit Dačić et conclut :

- Nous ne pouvons pas dire que nous ne reconnaissons pas l'indépendance du Kosovo, puis imposer des sanctions à la Russie. Ça ne va pas l’un avec l'autre. Nous pouvons seulement dire que nous n'insistons plus sur le Kosovo, alors nous nous joignons aux sanctions contre la Russie.

Coupe du monde au Qatar

Le ministre a enfin évoqué la Coupe du monde au Qatar, où il a assisté hier au match entre la Serbie et le Brésil.

- Je suis allé avec les fans. Ce n'était pas vraiment une ambiance sur le chemin du retour, mais c'était au départ. Je pense qu'il y avait environ 88.000 personnes. L'élite du football mondial était là. Il y avait même Anthony Blinken, le secrétaire d'État américain. Ils recherchent et invitent des convives de tous les pays, et c'est l'une des raisons pour lesquelles j’y suis allé avec le ministre Gajić - dit Dačić, et à propos du match entre la Serbie et le Brésil, il a dit en plaisantant:

- Il arrivait souvent que nous commencions victorieusement contre des équipes sérieuses, puis que nous perdions contre des outsiders. Maintenant, changeons-le un peu. Nous avons mal commencé contre une équipe forte, alors battons maintenant le Cameroun, puis la Suisse - a dit Dačić.

Source/Photo : Kurir.rs